scintillement doré

Y a-t-il un moment où l’on se demande. Si la vie est si belle qu’elle en a l’air. Si le scintillement doré qui nous entoure est vraiment vrai. Vrai. C’est ce que tu te demandais, Oskar. Le scintillement doré que tes parents essayaient d’exposer aux yeux de tous, vous rendaient-il plus vrais. Non. Non était ta réponse. Non, il n’y avait rien de doré. Rien de beau. Juste ces sourires pour faire semblant. Juste ces beaux vêtements pour prendre les gens de hauts. Famille riche, grande maison. T’es né du bon côté. Sûrement. Même si toi, tu te demandes s’il y a vraiment un bon côté. Car, les gens, les autres, ne te sembles pas plus bizarres que d’autres. Non. Ils sont et c’est tout. Alors, tu t’en fiches, ne fais pas gaffe, tu vis juste. Alors, que papa lui…lui crache encore et encore sur ces gens.

Mais, papa. Papa est quelqu’un de…Tu n’as jamais vraiment su, Oskar. S’il était bon ou mauvais. Si ces cris, si ces mains étaient douces ou violentes. Parce que papa il vous a toujours donné les deux. Et c’est bien pour ça que tu sais, qu’il n’y a de doré que l’apparence. Car, lorsque la porte se ferme, lorsque l’alcool coule dans sa gorge, il y a les rires gras. Les claques derrière la tête. Et encore ça, ça tu pourrais accepter. Mais, il y a tout le reste. Qui se tait, s’enferme. Juste sourire, quand tu sors. Juste penser, avoir une belle famille. Juste… tu ne sais plus trop. Parce que maman dit que c’est pour t’éduquer. Pour que tu sois un bon garçon. Un fils parfait. Un enfant qui rend fier. Oui mais, elle. Elle, n’est-elle pas déjà éduquée ? Crier, parfois. Essayer de répondre, souvent. Et prendre, encore, la claque, les cris. Se taire, terre. Pour juste essayer de vivre un peu plus longtemps. L’espoir de partir, faire ta vie. Parce que y a l’âge qui passe. L’enfant qui grandit.

Et tu vas partir. T’en es certain. Parce que y a ça. Mais aussi toutes les autres choses qu’il pense mauvaises. Toutes ses choses qui pourtant te rendent toi. Comme lorsque les pas glissent, le corps s’envole. Parce que tu danses. Et maman le sait. Mais, vous faites croire que tu vas faire du sport. Jamais, il n’accepterait que son garçon glisse son corps sur le parquet d’un opéra. Jamais. Et pourtant, tu le fais, là, sur les pointes, corps tendu. Tu t’envoles. T’envoles au point de rêver de l’Europe, de Paris. Etoile dans le ciel. Peut-être un jour…peut-être que…

Les courbes s’attachent, t’attaquent alors que tes pupilles se dilatent et fixent. Le corps qui se meut devant toi. Garçon dans un jean trop serré, tu regardes les fesses, les jambes longues de la silhouette devant toi. Tu n’acceptes pas. Non, pas encore. Pas avec tout ce que tu entends, tout ce que papa dit. Mais, tu sais, merde, que y a qu’eux qui t’attirent. Parce que les rêves sont recouverts de leurs courbes réelles ou inventées. Garçons, hommes. Tu voudrais comprendre. Tu voudrais que quelqu’un, putain, te dises que c’est rien. D’anormal. Que c’est bien, vrai. Que c’est juste normal d’être toi. Et que t’as le droit, oui, de rêver de leurs lèvres contre les tiennes.

Et tu vas partir. T’en es certain. Mais, pour l’instant, tu t’enlises dans ce scintillement doré. Encore à l’école. Encore enfant et pourtant déjà adulte. Tu vas partir. T’en es certain.